Historique du combat pour l’accessibilité vélo du Mont-Saint-Michel

IMGConvergence

2007

Vélocité découvre dans la presse que le projet de rétablissement du caractère maritime (RCM) du Mont-Saint-Michel prévoit d’interdire totalement, à compter d’avril 2012, l’accès des cyclistes au Mont. Considéré comme un moyen de transport individuel analogue à la voiture, le vélo sera frappé de la même interdiction, alors même que toute la politique environnementale officielle des dernières années tend au contraire à réduire la place de l’automobile et à favoriser les modes de déplacement non motorisés et les transports collectifs. Vélocité engage alors une suite d’actions avec l’appui de la Fédération des usagers de la bicyclette et de la Fédération française de cyclotourisme.

2010

Vélocité écrit aux candidats aux élections régionales.

Courrier au président du Syndicat mixte, Laurent Beauvais, pour l’informer de notre étonnement devant l’annonce publique de François-Xavier de Beaulaincourt, directeur du Syndicat mixte, qui indiquait que la nouvelle digue du Mont-Saint-Michel n’accueillerait « aucun système de transport privé ».

Le Comité de pilotage État/Syndicat mixte Baie du Mont-Saint-Michel, souhaitant réexaminer la question de l’accès des vélos au Mont-Saint-Michel, charge le cabinet spécialisé Indiggo-Altermodal de mener une étude technique complète sur les « modes de locomotion doux ».

Vélocité organise en juin une première manifestation revendicative, la « Convergence vélo en baie du Mont-Saint-Michel », qui réunit plus de 500 cyclistes, renouvelée depuis chaque année, avec un succès jamais démenti.

Le 22 juillet, réunion avec Laurent Beauvais, qui s’engage à ce que la question du vélo au Mont soit inscrite à l’ordre du jour de la réunion du Comité de pilotage État/Syndicat mixte du 5 décembre.

Vélocité annonçant son intention d’attaquer au tribunal administratif l’arrêté d’interdiction, le maire du Mont-Saint-Michel propose alors une mesure transitoire : l’autorisation totale des vélos en basse saison (c’est-à-dire d’octobre à avril) et un accès partiel en haute saison, entre 18 h et 10 h le lendemain matin. Consciente de l’utilité d’une période de test, Vélocité accepte cette proposition et obtient, de surcroit, la mise en place d’un « Comité pour le maintien de l’accessibilité vélo au Mont-Saint-Michel ». Composé de représentants du Syndicat mixte, de la mairie et d’associations cyclistes représentatives, ce Comité se réunit trois fois par an environ pour suivre et évaluer les conditions de cohabitation entre piétons, cyclistes et navettes de transport.

2011

Présentée en mars, l’étude Indiggo-Altermodal préconise sans ambigüité une ouverture de la voie d’accès aux cyclistes, hors pics de fréquentation, mais c’est l’option de l’interdiction totale des vélos qui est retenue, au motif « qu’il n’y a pas lieu de revenir sur le principe d’origine, à savoir d’interdire l’accès et le stationnement de l’ouvrage [le nouveau pont-passerelle, ouverte au public en novembre 2014] et du Mont à tout type de système de transport privé de personne. »

Le 4 avril, réunion avec François-Xavier de Beaulaincourt au cours de laquelle il annonce à Vélocité la création de deux zones de stationnement vélo à proximité immédiate du départ des navettes et confirme l’interdiction des vélos sur la digue du Mont-Saint-Michel à partir du mois d’avril 2012.

Le 9 mai, réunion avec Philippe Bas, membre du Bureau du Syndicat mixte, devenu depuis président du Conseil départemental de la Manche, où celui-ci souligne la probable fragilité juridique d’un arrêté municipal interdisant toute l’année les vélos au Mont et la nécessité de trouver un compromis entre une ouverture totale et une fermeture totale.

Le 27 mai, réunion avec Éric Vannier, maire du Mont-Saint-Michel, qui avance l’idée que les travaux au Mont sont incompatibles avec la présence des vélos sur la digue et reprend à son compte l’« argument » selon lequel rendre l’insularité du Mont implique l’exclusion de tout type de transport privé.

Le 5 juin, deuxième Convergence vélo au Mont-Saint-Michel, qui bénéficie d’une couverture médiatique dépassant largement les frontières régionales, de nombreux médias ayant repris une longue dépêche du bureau de Caen de l’AFP. Environ 500 cyclistes participent à la seconde édition.

2012

Début juin, 3e Convergence vélo.

Après deux années de période de test et d’observation, le Comité n’a pu relever aucune difficulté particulière de cohabitation et n’a été informé d’aucun accident matériel ou corporel, si minime soit-il. Au vu de ces résultats positifs, et en parfaite cohérence avec l’étude Altermodal, Vélocité et les ligues de cyclotourisme estiment alors qu’il est désormais envisageable d’autoriser une ouverture toute l’année sans restriction d’horaire, à l’exception des jours pour lesquels le maire du Mont-Saint-Michel jugerait bon de limiter l’accès en raison de circonstances exceptionnelles ou de très grande affluence (15 août, la Saint-Michel…).

2013

Début juin, la 4e Convergence vélo réunit environ 800 cyclistes.

2014

Lors de la dernière réunion du Comité pour le maintien de l’accessibilité vélo au Mont-Saint-Michel, en mai, la proposition de Vélocité d’autoriser une ouverture toute l’année sans restriction d’horaire est rejetée par le Syndicat mixte et par la Préfecture de la Manche, lesquels réclament au contraire l’allongement de la période d’observation et de tests jusqu’à l’automne 2015. Considérant que cette prolongation n’est pas susceptible d’apporter d’éléments nouveaux, les associations représentatives des cyclistes maintiennent leur demande d’une ouverture sans restriction et ceci, sans délai.

Mi-juin, la 5e Convergence vélo réunit environ 700 cyclistes (615 selon la police), contre 800 en 2013. Cette petite baisse peut s’expliquer par le fait que l’année précédente, un convoi supplémentaire d’environ 80 cyclotouristes était parti de Rennes.

A la fin de l’année, lors d’une visite à Rennes à l’automne dernier, Mme Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie et du Développement durable, demande aux préfets de la Manche et d’Ille-et-Vilaine « d’organiser avant le 15 décembre une réunion avec les associations environnementales du Mont et de la Baie. » (cf. Ouest-France daté du 22/11/2014). En tant qu’association de défense de l’environnement, Vélocité a évidemment sollicité un rendez-vous, lequel a été repoussé deux fois, avant d’être finalement annulé au dernier moment, sans même un mot d’explication. De la même façon, le « coordonnateur interministériel pour le développement de l’usage du vélo », M. Dominique Lebrun, qu’on aurait imaginé s’impliquer fortement sur ce dossier emblématique, n’a pas daigné répondre à nos pressantes interpellations, y compris celles faites par courrier recommandé.

2015

Devant le caractère manifestement disproportionné de l’interdiction des vélos en haute saison, Vélocité dépose en janvier devant le tribunal administratif de Caen un recours en annulation contre le nouvel arrêté. L’association, qui se serait volontiers abstenue d’une telle démarche, y est contrainte par l’obstination des représentants de l’Etat. En effet, comme le démontre cette chronologie, Vélocité et ses partenaires des ligues de cyclotourisme, cherchant à éviter la voie judiciaire, ont toujours privilégié un esprit de dialogue.

Le 1er mai 2015, jour de l’entrée en vigueur de l’arrêté contesté, Vélocité a organisé une distribution de tracts d’information à l’entrée du Mont-Saint-Michel et a pu constater à nouveau, en dialoguant avec les visiteurs, français comme étrangers, que cette interdiction est jugée comme non seulement absurde, mais aussi comme en complète incohérence avec les ambitions officiellement affichées en faveur de la « transition écologique ». Ce même jour, une pétition est mise en ligne sur le site change.org et Vélocité ouvre son propre site internet (velociteavranches.org). Le dialogue se poursuit avec les élus locaux, particulièrement sensibles à l’impact négatif de cette politique « anti-vélo » sur l’image de la région, et donc sur l’industrie du tourisme. Le 9 mai, une visite sur site suivie d’un point presse a été organisée avec le juriste qui a rédigé le recours administratif. Le 28 mai, nous rencontrons Laurent Beauvais, président de région, au siège du Conseil régional, à Caen, en présence de Patrick Morel, directeur du Syndicat mixte. Pour Laurent Beauvais, le « dossier vélo » est un « problème » qui a pour cause une gouvernance défaillante du projet du rétablissement du caractère maritime du Mont. Un compromis pourrait être trouvé avec une restriction de l’accès des vélos réduite aux seuls mois de juillet et août.

Le 2 juin, réunion avec Xavier Bailly, administrateur de l’abbaye du Mont, pour discuter notamment de la possibilité d’installer des stationnements vélo au Mont. Xavier Bailly est favorable à l’installation d’arceaux vélos au pied des remparts, du côté de la tour Gabriel (face sud-ouest du Mont). Nous partageons pleinement cette option qui ne doit pas être toutefois exclusive d’un espace de stationnement vélo au niveau de la montée des Fanils. Le 11 juin, nous rencontrons à Granville Jean-Marc Julienne (CD 50) et Benjamin Tétard, directeur de Manche tourisme, qui se montrent d’emblée en accord avec notre demande de limiter les restrictions vélos du Mont aux mois de juillet et d’août. Venant traduire cette convergence de vue, nous avons reçu rapidement un courrier officiel, signé par Philippe Bas, président du Conseil départemental, précisant qu’il est favorable à une restriction de l’accessibilité vélo du Mont à la seule saison estivale.

La mobilisation de la 6e Convergence vélo au Mont-Saint-Michel du 14 juin 2015, rassemblant plus de 700 usagers du vélo, a témoigné de nouveau de l’incompréhension de nos concitoyens sur les fortes restrictions qui touchent l’accessibilité vélo du Mont-Saint-Michel.

Le 16 octobre 2015, deux représentants de Vélocité se sont rendus à la soirée officielle d’inauguration du RCM et ont interrogé M. Carsten Rasmussen, représentant de la Commission européenne, sur la question de l’accessibilité des vélos au Mont. Visiblement pas au courant de la situation, M. Rasmussen s’est dit prêt à étudier le dossier. Dans la foulée, le 20 octobre, Vélocité a mis en place une grande banderole revendicative « Pour le vélo 24h/24 » sur la façade d’une des maisons du Mont-Saint-Michel.

Le 31 octobre 2015, deux représentants de Vélocité ont été reçu pendant près d’une heure, en sous-préfecture d’Avranches, par David Zivie, conseiller chargé du patrimoine et de l’architecture au ministère de la Culture. M. Zivie ne s’est pas prononcé sur la question des restrictions d’horaires pour les vélos, qui il est vrai ne relève pas directement de la compétence de son ministère. Concernant le stationnement des vélos au Mont, il a estimé que la situation peut évoluer et il a proposé d’organiser une réunion sur ce sujet avec toutes les personnes concernées (DRAC, Architecte des Bâtiments de France, Administrateur de l’Abbaye, etc + Vélocité), pour voir si une trentaine d’arceaux vélo pourraient être installés vers la tour Gabrielle. Il a suggéré que le Comité pour le maintien de l’accessibilité vélo au Mont-Saint-Michel soit désormais organisé sous la responsabilité de la Préfecture et que sa composition soit élargie à toutes les instances concernées de près ou de loin par la question du vélo. Pour sa part, Vélocité a insisté sur l’urgence d’avancer sur ces questions, car, d’une part, le départ du Tour de France 2016 va focaliser l’attention sur le Mont et sur la maigre place qu’on y accorde aux vélos et, d’autre part, on peut s’attendre à un développement très rapide de la pratique vélo avec l’arrivée de la voie verte bretonne et de l’itinéraire Véloscénie.

Apprenant que le département de la Manche a lancé un appel à projet dans le but de « célébrer » le Tour de France dans le département, Vélocité envoie le 17 novembre sa « contribution », intitulée « En 2016, le Mont-Saint-Michel souhaite la bienvenue en Normandie aux cyclistes du monde entier », en proposant que l’année 2016 soit celle où l’accessibilité vélo du Mont sera entière, sans aucune restriction ! L’idée est juste de mettre à profit cet appel à projet pour pointer la contradiction entre le tapis rouge qu’on déroule devant le peloton et le sort réservé aux quelques milliers d’usagers du vélo qui viennent chaque année au Mont.

Le 2 décembre 2015, le Tribunal administratif de Caen a rejeté le recours de Vélocité et a condamné l’association à verser à la commune du Mont-Saint-Michel la somme de 1500€ au titre des frais d’instance, montant exorbitant pour une petite association non-subventionnée qui voit ainsi son existence même menacée. Malgré tout, mi-décembre, le conseil d’administration de Vélocité a approuvé le principe de faire appel de cette décision auprès de la Cour d’appel administrative de Nantes, si sa trésorerie le permettait. Parallèlement, un appel a été lancé aux adhérents et sympathisants : un formulaire d’adhésion et de don a été mis en ligne sur le site de l’association via la plateforme HelloAsso.

Chronologie actualisée au 06/01/2016