L’accessibilité vélo du Mont-Saint-Michel… le point en ce début d’année 2017.
La suite rocambolesque de l’accessibilité vélo du Mont se présente en deux temps…
Premier temps encourageant.
Comme vous le savez, les nominations d’un nouveau préfet de la Manche puis d’un sous-préfet à Avranches au cours de l’année 2016 ont permis de redonner vie au Comité pour le maintien de l’accessibilité vélo du Mont.
Ce Comité regroupe Vélocité, les ligues de cyclotourisme de Normandie et de Bretagne, le Syndicat mixte baie du Mont-Saint-Michel et la préfecture de la Manche.
Pour rappel, il y a deux ans, la préfecture de la Manche avait suspendu le Comité au motif que Vélocité avait entrepris un recours administratif (lequel est toujours en cours en seconde instance).
La première réunion de ce Comité renouvelé s’est déroulée au mois de mai 2016. Depuis nous nous sommes réunis à trois reprises dans le but de mettre en place une période d’expérimentation vélo au Mont pendant les mois de mai, juin et septembre.
A titre expérimental donc, il avait ainsi été prévu que l’accessibilité vélo du Mont sans restriction s’étende au mois de mai, juin et septembre 2017.
Dans cette perspective, seuls les mois les plus estivaux, juillet et août, auraient connu des restrictions d’accès de 10h00 à 18h00.
Nous nous étions accordés sur le contenu du protocole d’expérimentation.
Deuxième temps désespérant.
A la demande de Vélocité, pour faire le point, la période expérimentale approchant, nous avons rencontré le 8 février le sous-préfet d’Avranches. Cette rencontre lui a permis de nous rappeler qu’il reconnaît pleinement la pertinence de la présence du vélo au Mont pour deux raisons (sans toutefois indiquer si cette présence doit, ou non, comporter des interdictions) :
— Le Mont est un débouché de plusieurs voies vertes.
— Le secteur de tourisme, localement compris, s’organise de plus en plus en prenant en compte les vacances à vélo.
Pour le sous-préfet, le projet du rétablissement maritime du Mont fut quasi exclusivement abordé d’un point de vue technique. Il aurait dû comporter un volet touristique et économique qui aurait favorisé son intégration.
Après ce préambule, il nous a été dit que la préfecture de la Manche avait décidé finalement de s’opposer à l’instauration de la période expérimentale, et ce pour trois raisons :
1) Une raison sécuritaire (le vélo, tout du moins, un cycliste à l’aide de son vélo, pourrait transporter des explosifs ! ( et les piétons alors !? sans commentaire !).
2) La préfecture semble convaincue de « gagner le recours » (Le lapsus est parlant… le recours concerne un arrêté municipal et non un arrêté préfectoral ! Parlant en ce que ce lapsus vient de nouveau confirmer que les décisions qui ont été prises contre le vélo au Mont dépendaient de la préfecture et non de la mairie du Mont).
3) Un contexte local complexe duquel s’affirmerait, en particulier de certaines administrations de l’Etat comme le Centre des monuments nationaux, des « résistances » à toute évolution au Mont (le vélo évidemment et à propos de beaucoup d’autres aspects).
Or, d’après le sous-préfet, ce « contexte » défavorable devrait progressivement disparaître, d’abord consécutivement à la nomination d’un nouveau préfet (il ne nous l’annonce pas mais la pose comme une condition pour que l’approche du vélo change au niveau préfectoral) et l’instauration d’une nouvelle institution de gouvernance du site venant se substituer au Syndicat mixte baie du Mont-Saint-Michel.
Encore une fois, de regarder la dimension économique comme une de ses directives, le futur Epic (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) viendra, selon le sous-préfet, à intégrer le vélo en cohérence avec les infrastructures vélos qui maillent le territoire et le fort développement du tourisme à vélo.
Pour résumer, d’un côté, la préfecture de la Manche nous déclare qu’elle refuse de prendre l’expérience de terrain, via une période d’expérimentation, pour établir la place la plus juste du vélo au Mont et, de l’autre, nous demande de faire confiance au temps pour un changement durable au Mont en faveur du vélo.
Certes, si le temps nous donnera raison, nous pouvons toutefois douter que la « question du vélo au Mont » bouge sous la tutelle d’une nouvelle gouvernance qui comporte et représente globalement les institutions qui composent l’actuel Syndicat mixte baie du Mont-Saint-Michel.
Pour patienter, et lever les « résistances », le sous-préfet d’Avranches nous propose d’améliorer les infrastructures d’accueil du vélo en amont du Mont, précisément au niveau de la Caserne, là où, aujourd’hui, il existe déjà de nombreuses zones de stationnement vélo utilisables, excepté les six casiers à vélo condamnés dans le cadre du plan Vigipirate.
L’amélioration ne concernera donc que le nombre et le type de casiers vélos.
Voici, en tout cas, le montage auquel nous convie le sous-préfet d’Avranches : le Syndicat mixte (maître d’œuvre) réalise, au nom de la Communauté d’Agglomération Mont-Saint-Michel Normandie (maître d’ouvrage) une étude pour augmenter l’offre cyclable à la Caserne (à partir notamment de nos recommandations) et la sous-préfecture paie la facture (il semblerait que pour « sécuriser » le Mont-Saint-Michel contre tout danger, l’actuel premier ministre ait octroyé une enveloppe particulièrement confortable à la préfecture de la Manche).
Si nous pouvons nous réjouir de l’optimisation de la qualité de l’accueil des cyclistes à la Caserne (il faudra encore que l’Etat lève le plan Vigipirate localement), on a toutefois peine à croire qu’elle suspende comme telle les oppositions qui se manifestent déjà à l’heure actuelle (plus encore de les savoir si chargées de mauvaise foi).
« Oui ! » a pu nous répondre le sous-préfet qui nous a expliqué qu’il lui reviendra alors, une fois le Mont « sécurisé » et la fonctionnalité cyclable de la Caserne augmentée, de « négocier » avec les antinomiques du vélo de certaines administrations de l’Etat car, sur de nombreux dossiers, c’est du donnant donnant… en gros, il aura alors la main !
Le propos a indéniablement une cohérence. Il reste toutefois fictionnel au regard de l’impossibilité même de le rapporter à une argumentation contre le vélo qui puisse être audible et tangible.
Il demeure, et cela est l’essentiel, que la préfecture de la Manche souhaite que le recours administratif aille à son terme.
Laissons donc aller ce recours à son terme… et, pour l’heure, en accord avec les ligues de cyclotourisme de Normandie et de Bretagne, nous allons accepter la « proposition » du sous-préfet d’Avranches d’améliorer la qualité de l’accueil vélo de la Caserne.
Une chose est certaine, Vélocité, par un biais, ou un autre, n’abandonnera pas son engagement au Mont tant que les « résistances », d’où qu’elles viennent, reposeront sur de l’arbitraire et des priorités sécuritaires.
Pour le bureau de Vélocité,
Jean-Michel Blanchet